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Bienvenu-Martin ferme en 2018. La honte !
dimanche 3 juillet 2016, par
Service public et territoire
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C’est donc ce premier juillet 2016 que 24 Conseillers départementaux contre 14 ont voté la fermeture de ce collège au milieu d’un schéma directeur. En effet, le président Villiers, promoteur actif de ce recul historique, a refusé de dissocier les votes comme il l’avait pourtant fait lors du CDEN. Nous étions à cette séance, et c’est édifiant !
Sommaire

Un CDEN inutile et méprisé ?
Les conseillers départementaux ont donc bien peu de considération pour les avis rendus dans les instances de dialogue social. Pas vraiment une surprise, mais un problème démocratique tout de même. À quoi sert de développer des arguments en CDEN vu le peu de cas qu’on en fait. Aucune contre-argumentation sérieuse n’a été présentée. On ne le réunit donc que parce qu’il est obligatoire.
Coûte que coûte !
Le président avait décidé que "ça" devait passer, coûte que coûte. D’abord, il a refusé de dissocier les différents points du schéma, arguant d’un point du règlement de l’assemblée qu’on a bien du mal à accepter. Les élus devaient donc choisir entre accepter la fermeture de Bienvenu-Martin et la création d’un collège dans le nord ou refuser les deux.
Pourtant, en CDEN, sur ce même schéma directeur, nous avions émis cinq votes distincts.
La commission des finances du Conseil Départemental elle-même a émis un avis défavorable.
Ensuite, plusieurs élus de la majorité ont demandé l’ajournement de la décision. Plusieurs raisons ont été avancées :
- celle portée par la FSU, qui était d’attendre les conclusions du séminaire sur l’Éducation dans l’Yonne initiée par l’Inspectrice d’Académie
- une demande, apparemment discutée entre un élu et le préfet pour donner le temps de mieux étudier le dossier
- le constat par les élus que ce dossier, discuté dans l’espace public depuis janvier, n’a été présenté officiellement dans l’assemblée que lors des commissions de lundi, soit 5 jours avant le vote.
Toutes ces demandes ont été rejetées. Visiblement, le président avait décidé d’en finir au plus vite.
Une position tardive de l’Éducation Nationale
À peine le vote connu, le Recteur et l’Inspectrice d’Académie faisaient connaître qu’ils déploraient cette décision. Mais pourquoi donc, l’inspectrice d’Académie, présente en tribune à ce Conseil Départemental, n’a pas fait connaître cette position avant le vote ?
Laisser faire et regretter ensuite relève plus de la posture que réellement du pilotage de l’Éducation.
Quid du REP ?
La perte des moyens REP pour les écoles, conséquence prévisible de la disparition du collège, risque fort d’avoir des conséquences dommageables pour les enfants du quartier. Parents et enseignants en sont bien conscients comme ils l’ont montré par leur présence à chaque occasion de défendre le collège.
Là encore, les élus n’ont pas mesuré qu’on ne leur demandait pas de fermer un collège ordinaire en perte d’effectif (encore 350 élèves sans baisse sensible prévue), mais de s’attaquer à un établissement dans un quartier prioritaire de la politique de la ville.
La FSU demande dès maintenant que la REP demeure pour les écoles, même sans collège "support". Si ça a été possible à Dijon l’an dernier, ça doit l’être aussi pour Auxerre.
La campagne contre la ville
C’est le sentiment qu’on a en sortant de cette réunion. La majorité des élus étant ruraux, les problèmes de la ruralité sont prégnants chez eux. Pour autant, leur mandat d’élu départemental leur donne la responsabilité de s’approprier des problématiques qu’ils ne rencontrent pas forcément chez eux. Les problématiques présentes dans le quartier en politique de la ville à Auxerre ne les ont manifestement pas émus. Trop contents de garder leurs tout-petits collèges ruraux, ils préfèrent sacrifier un monde qu’ils ne veulent pas être le leur.
Un élément objectif : Au sein du schéma adopté, figure en toutes lettres qu’on ne mettra pas plus de 600 élèves en zone rurale, mais qu’en zone urbaine, on pourra monter à 700. Et pourquoi ? mystère !
Tiens, au fait, la fermeture de Bienvenu Martin prévoit, selon l’étude, que deux collèges auxerrois la dépasseront, cette limite de 700 !
Un collège dans le nord... comment on paye ?
On l’a appris en séance, la construction d’un collège dans le nord, dont personne ne nie l’urgente nécessité, ne figure pas dans le plan pluri-annuel que le Conseil Départemental a voté récemment. Les élus du nord, qui ont voté pour ce schéma directeur du fait de cette promesse, se sont-ils fait avoir ?
Difficile d’imaginer que les économies réalisées par une fermeture puissent financer une construction. Une polémique d’ailleurs sur ces économies, chiffrée à 400 000€ par le président, mais à 150 000€ par l’opposition. C’est aussi cette somme que les professeurs du collège avaient avancé depuis plusieurs semaines.
- 150 000 €, c’est peu ou prou ce que donne le Conseil Départemental au centre de formation de l’AJA. Pour combien d’élèves ?
- 150 000 €, c’est le montant de la réserve personnelle du président pour qu’il puisse le distribuer ça et là selon son bon vouloir, mais sur quels critère ?
En tout cas, si on a bien compris, aucun des trois leviers de financement n’est possible
- Le département ne peut pas le financer sur ses fonds propres
- Son endettement ne lui permettra pas d’emprunter les 15M d’€ nécessaires
- Une augmentation des ressources par une augmentation des impôts est exclue
Reste l’hypothèse d’une cité scolaire, en collaboration avec le Conseil Régional, hypothèse que cette collectivité n’a pas encore étudiée. Autant dire que ce n’est pas demain la veille qu’on la verra sortir de terre. Et la part qui devra être payée par le Conseil Départemental sera-t-elle davantage finançable ?
Sans compter la nécessité absolue de rénover le collège de Pont sur Yonne, dont certaines parties sont insalubres.
Et comment on fait dans le nord en attendant ?
Ce qu’on sait, c’est qui va gérer l’imprévoyance et l’amateurisme de nos dirigeants pour les années à venir.
Qui a voté quoi
Ont VOTE POUR : 24 conseillers
- Gérard André (Saint-Florentin)
- Robert Bideau (Auxerre 2)
- Christophe Bonnefond (Auxerre 3)
- Alexandre Bouchier (Thorigny-sur-Oreuse)
- Pascal Bourgeois (Cœur de Puisaye)
- Marie-Laure Capitain (Saint-Florentin)
- Sylvie Charpignon (Chablis)
- Michèle Crouzet (Thorigny-sur-Oreuse)
- Isabelle Froment-Meurice (Cœur de Puisaye)
- Patrick Gendraud (Chablis)
- Danièle Gyssels (Sens 1)William Lemaire (Charny)
- Anne Jérusalem (Tonnerre)
- Isabelle Joaquina (Auxerre 3)
- William Lemaire (Charny)
- Catherine Maudet (Brienon-sur-Armançon)
- Jean Marchand (Brienon-sur-Armançon)
- Sonia Patouret (Avallon)
- Maurice Pianon (Tonnerre)
- Gilles Pirman (Sens 1)
- Erika Rozet (Villeneuve-sur-Yonne)
- Philippe Serré (Sens 2)
- Dominique Sineau (Pont-sur-Yonne)
- André Villiers (Joux-la-Ville)
Ont voté CONTRE : 14
- François Boucher (Migennes)
- Xavier Courtois (Avallon)
- Irène Eurlier-Brocardi (Charny)
- Marie Evrard (Migennes)
- Delphine Gremy (Gâtinais-en-Bourgogne)
- Monique Hadrbolec (Auxerre 4)
- Pascal Henriat (Auxerre 4)
- Christiane Lemoine (Vincelles)
- Valérie Leuger (Auxerre 1)
- Malika Ounes (Auxerre 2)
- Clarisse Quentin (Sens 2)
- Françoise Roure (Joigny)
- Nicolas Soret (Joigny)
- Yves Vecten (Vincelles)
Se sont abstenus : 3
- Grégory Dorte (Pont-sur-Yonne)
- Elisabeth Frassetto (Villeneuve-sur-Yonne)
- Jean-Baptiste Lemoyne (Gâtinais-en-Bourgogne)
N’a pas pris part au vote : 1
- Michel Ducroux (Auxerre 1), absent sans laisser de pouvoir.